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L'Uni-Vers de c@tant
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1 juin 2008

Le goût du lait maternel

La première mise au sein fut assez rapide, environ 40 minutes après la naissance. Un moment magique, très particulier : un mélange d’émotions très intenses mais aussi  d’étonnement. Ce si petit bébé qui tétait goulûment et qui déformait mon mamelon ! Désormais, le lien lacté avait pris le relais du cordon qui nous reliait depuis neuf mois.

J’avais accouché d’un « bon » bébé de 3.850 kilogrammes qui avait une très bonne succion et qui, 3 jours après la naissance, reprenait du poids de façon fulgurante pour enfin tout récupérer dès notre retour à la maison. C’est également lors de la troisième nuit que j’ai eu ma montée de lait, plutôt discrète, contrairement à ce que j’avais entendu (douleurs, engorgements,…). A la maternité, on m’avait bien entendu donner les « directives » pour allaiter : toutes les 3-4 heures, voire 5h maximum. La  première nuit, Amandine s’était réveillée toutes les 4-5 heures. La deuxième nuit fut nettement plus difficile : elle n’arrêtait pas de pleurer. En jeune mère que j'étais, on ne m'avait pas prévenu, j'étais totalement désorientée me sentant impuissante de voir hurler mon bébé des heures durant. Sous l’encouragement des SF de l'hôpital, j’ai donné la sucette mais elle la recrachait faisant mine de vouloir vomir. C’est alors que la relève de l’équipe de nuit est arrivée. Une infirmière m’a demandé si elle avait déjà reçu un biberon d’eau… « Il fait très chaud vous savez, il faut bien qu’il boive votre bébé ». Je ne comprenais pas, il me paraissait logique, qu’à lui seul l’allaitement suffise. Elle me rétorqua : « certainement pas, c’est comme si on vous interdisait de boire lors de grosses chaleurs ! ». Culpabilisée par ses propos, j’acceptai qu’on donne à « boire » à mon bébé qui se calma aussitôt. Une bonne partie de la nuit, mon bébé pleurait…avec une tétée toutes les 3 heures ! Malgré le peau à peau fréquent, la peur de remettre « encore » mon bébé au sein et épuisée par les pleurs inconsolables d’Amandine, j’appela l’infirmière de nuit pour qu’elle me vienne en aide. Il est trop tôt pour la tétée me dit-elle, je vais la prendre avec moi pour vous laisser dormir. A ce jour, je suis encore très affectée par cette séparation infondée et bien trop précoce pour un si petit bébé. Résignée, fatiguée et pleine de remords, j’acceptai sans broncher. A peine sorties de la chambre, j’étais effondrée par mon incapacité à être mère : je ne suis pas une bonne mère, je ne suis même pas capable de m’occuper de mon bébé ! Mais comment allais-je donc faire au retour de la maternité ??? A sept heures, on me ramena Amandine pour la tétée. Pauvre petite puce ! Elle crevait la dalle…

De retour dans notre nid d’amour (ouf), une certaine euphorie, peur et excitation m’envahirent : j’étais responsable de ce petit être complètement dépendant de moi. Les seules choses que j’avais retenues par rapport à l’allaitement sont qu’il fallait que je me fasse confiance ainsi qu’à Amandine et de varier les positions afin d’éviter les crevasses. Amandine a 10 jours, c’est la première pesée post-accouchement. Verdict : + 60 grammes ! « Madame, votre bébé prend peu de poids blablabla… » Vous aurez deviné la suite....sauf que cette fois, je m’étais parée de bonnes adresses et notamment La Leche League. Déterminée plus que jamais à poursuivre mon allaitement, ce fut le premier coup de téléphone à mon animatrice LLL….L’hypothèse faite : une confusion sein/tétine !  En une semaine, Amandine avait repris…440 grammes ! Et la pédiatre de me dire : « Heuu, là c’est quand même un peu de trop… ». Faut savoir… !

Les semaines qui suivirent, tout coulait de source, je savourais cet allaitement et  redoutais, chaque jour qui passe, le sevrage et le retour au boulot. C’est à cette période que j’ai appris qu’allaiter et travailler pouvaient se marier !

Six semaines après la naissance d’Amandine, est arrivé le moment le plus difficile et douloureux de tout mon allaitement. A présent, je ne crois pas que cet évènement me soit arrivé « par hasard » :

Mi-juin 2004, nous avons fêter comme c'est le cas chaque année, l'anniversaire de ma belle-mère et pour l'occasion, nous avions mangé Thaï. La soirée, la puce tète à sa guise comme d'habitude. C'est seulement le lendemain fin de matinée que les choses se sont compliquées...Amandine manifeste qu'elle veut téter, je la prends et lui offre le sein. Là, elle tète mais se retire aussitôt comme si mon lait n'était "pas bon". Je lui propose l'autre sein même scénario mais l'envie de téter reste présente. De nature anxieuse, j'essaie de relativiser et me dit qu'elle ne va quand même pas se laisser mourir de faim et que finalement elle n'a peut-être pas faim. Les heures défilant, mon bébé pleurait mais refusait toujours de téter, l'angoisse montait, je me culpabilisais de faire ressentir mon anxiété et du coup m'en voulait encore plus pensant que ça en devenait la cause de ce refus de téter. Bref, le cercle vicieux! Vingt heures, je craque, ma fille de 6 semaines n'avait quasi rien téter de la journée, mes seins étaient prêts à exploser (à l'époque je n'avais pas de tire-lait, ne connaissait pas l'expression manuelle). Bref, j'étais seule face à mon désarroi de jeune maman. Je ne voyais qu'une issue par peur de déshydratation pour mon bébé : les urgences.

Après les différents va et viens des infirmières, elles me proposent de "stimuler" mon bébé car il pourrait souffrir des intestins (coliques). Effectivement, après stimulation au thermomètre ( !!!) ma puce défèque une selle énorme mais ne semble pas aller mieux pour autant puisque elle ne tète toujours pas! Un médecin généraliste vient la voir (je ne dirais même pas l'ausculter car son stéthoscope était son seul outil de travail!). Il ne voit rien, ne comprend pas : le bébé est éveillée, tonique,...mais il faut qu'elle s'hydrate me dit-on. C'est là que ma hantise depuis toujours arrive : le biberon de lait artificiel! La mort dans l'âme, prise de panique par ce refus, cette "pulsion de mort" de mon bébé à rejeter mon sein, je lui donne en pleurs ce lait artificiel. Sur les 150 ml, elle n'en boira que 100ml et refusera le reste! Mon Dieu que ce moment fut difficile à vivre pour moi. Moment le plus traumatisant de mon allaitement!

Je suis donc rentrée chez moi meurtrie, n'ayant aucune réponse à mes doutes, mes interrogations et ne connaissant toujours pas la raison pour laquelle mon bébé avait refusé de s'alimenter cette journée...La nuit fut tout aussi horrible puisqu'à cause du stress émotionnel vécu et le biberon de lait artificiel, ma fille a dormi 10h d'affilées!!! Seule et unique nuit « complète » depuis un an… Entre-temps, je précise, que j'ai réussi à acquérir un tire-lait manuel avec lequel j'ai tiré 250 ml en deux fois durant la soirée.

Engorgée des 2 seins au petit matin et décidée plus que jamais à redonner envie à ma fille de se nourrir à mon sein, je la réveille en douceur et lui propose le sein...et là, bouleversée, ma fille hape goulûment mon mamelon et je pleure de joie.....Mon bonheur est intense et la pression de ces dernières 24h est relâchée. Ce dimanche, elle fera une tétée sur deux mais la confiance en moi me regagne lentement. Le jour d'après Amandine retétait pour mon plus grand plaisir.

Je pensais jusqu'à aujourd'hui que le bébé qui refuse de téter à cause du goût n'était que mythe...maintenant je suis convaincue que cela existe! Je n'ai, jusqu'à ce jour, trouver aucune autre explication. Une chose positive que j'ai retenu de cette mauvaise expérience est celle de savourer à chaque tétée le bruit inlassable de la déglutition et le plaisir de voir son bébé nourrie, choyer, aimer au sein!!! Et qu'à cela ne tienne, j'irais aussi loin dans l'allaitement que notre désir à toutes les deux nous portera!

PS : Enfin, j’ai également fait trois candidoses mammaires dont la première ayant duré plus de trois mois !!! Et ce, à nouveau, par manque d’informations de la part du corps médical ! C’est lors d’une réunion LLL (où j’ai rencontré Sophie et Bénédicte d’ailleurs pour la première fois), qu’une consultante en lactation a pu enfin établir un diagnostic fiable ! Avant cela, je suis passée par un généraliste, une dermato, …

Ce récit a été écrit il y a près de 4 ans. Tout juste l'âge de ma puce mais aussi la durée de notre lien lacté qui vient de s'achever il y a à peine 2 semaines. Semé d'embûches par la désinformation et les mythes qui ont la vie dure, nous sommes parvenus, grace à la volonté à passer à travers ces débuts parfois diffciles, voir douloureux. Nous avons traversé l'expérience d'un allaitement avec grossesse mais aussi celle d'un lien particulièrement fort et riche, le co-allaitement. Une aventure s'achève, d'autres nous attendent, toujours plus belles, plus fortes...car le lait que te donne ta mère, il t'hydrate pour toute la vie ;-)

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