Les pleurs des bébés
Beaucoup des parents restent convaincus du bien fondé de laisser pleurer un bébé seul, mais aussi l'entourage d'encourager et de renforcer des convictions bien ancrées quant au soit-disant bienfaits de laisser pleurer un bébé, ceci étant considéré comme nécessaire. Les raisons invoquées sont diverses et toutes relèvent d'inepties véhiculées par certaines générations : "ça va lui faire les poumons, un bébé doit pleurer (il n'y a pas de doute qu'un bébé a besoin de pleurer mais plutôt pour différentes raisons pouvant varier d'un simple besoin de décharge parce trop d'émotions/stimulations par ex, soit pour un autre besoin tel que faim, chaleur/froid, besoin de contact, de sécurité physique et/ou affective, gêne, etc...) Seulement, ces suggestions douteuses peuvent nuire au bon développement émotionnel du bébé qui ne pleure jamais "pour rien", sans raison profonde, le pleur étant le seul moyen de communication qu'il possède pour s'exprimer. Je ne comprends toujours pas qu'on puisse penser qu'un bébé va être gâté lorsqu'on répond à ses besoins... Certes, c'est fatiguant mais qui oserait prétendre qu'il est facile d'élever un enfant ? Et comme dit le dicton "Il n'y a que les fruits dont on ne s'occupe pas qui se gâtent".
Laisser pleurer un bébé malgré que tous les besoins fondamentaux ont été satisfaits ? Oui mais pas seul, toujours accompagné dans les bras avec tendresse, qu'il sache qu'une personne bienveillante est là pour accueillir ce qu'il exprime. Un bébé est à l'orée de sa vie bien plus dans le ressenti, ses sens sont en éveils de façon constante, tout ce qu'il vit comme émotion son petit corps le reçoit de façon brute, il le ressent dans tout son être. Un bébé n'est neurologiquement pas mature pour arriver à mentaliser ce qui lui arrive, ni à anticiper qu'il doit attendre, que maman va revenir, et encore moins à comprendre qu'on le laisse pleurer parce que "c'est comme ça" ... La nature n'a pas prévu ça. Un bébé est un être vulnérable qui vit des expériences stressantes.
Si on se penche de plus près sur la question (et moi-même ayant fait l'expérience), voir un bébé pleurer et ne pas savoir pourquoi peut générer une certaine angoisse, de l'impuissance, de la détresse, de la frustration, même de l'hostilité...tant de sentiments à la fois qu'il est difficile de les accueillir sereinement. Tenir un/son bébé qui pleure dans les bras n'est pas simple. Sans doute aussi parce que nous mêmes n'avons pas eu l'opportunité, la place de pouvoir pleurer autant qu'il aurait été utile et nécessaire lorsque nous étions enfants. Le réflexe est celui d'arrêter, de faire stopper rapidemment le pleur (tétine, biberon, balancé, etc...) ou encore épuisés, de laisser pleurer le bébé seul pensant qu'il n'y a rien d'autre à faire. Il en découle alors de la difficulté à renconnaître ce besoin, pourtant fondamental, chez nos propres enfants. Pour Aletha SOLTER, ce sont des conditionnements dont il faut beaucoup de temps pour se défaire. Pourtant, les pleurs sont une capacité de guérison naturelle permettant au bébé de surmonter les stress qu'il vit. Pleurer, c'est le processus par lequel le bébé se guérit de ses blessures...A cette occasion, nous aussi, autorisons nous plus souvent à pleurer pour nous libérer. Nous nous donnons beaucoup de mal pour maintenir le couvercle fermer, mais plus le temps passe, plus la pression est importante...